publicité sur le tabac et l'alcool à la Coupe du Monde de Football

Publié le par Xavier Cheneseau

LA PUBLICITE SUR LE TABAC ET L’ALCOOL S’INVITE A LA COUPE DU MONDE

L’inanité des méthodes de lute contre la publicité des alcools, des tabacs, n’est pas seulement relevée à intervalles réguliers dans les pays pauvres en raison de la plus grande force de pression des puissances d’argent sur les opinions et les gouvernants.  La bonne preuve, c’est qu’à l’occasion du Mondial 2006, la question rebondit avec force.
La publicité est généralement admise comme étant un mode de promotion libre. Cette liberté reste toute relative. L’annonceur devant impérativement respecter des exigences éthiques et des principes comme la protection de la santé publique. La dangerosité de certains produits comme l’alcool et le tabac a conduit les pouvoirs publics à encadrer, voire interdire, la publicité de ces produits. C’est le cas de la plupart des pays européens, exception faite de l’Allemagne. D’où une question simple question : Comment les multinationales contournent-elles les lois en vigueur ?

C’est à l’initiative de l’Organisation Mondiale de la Santé qui, en 1974, a prescrit « de restreindre ou d’interdire sous toutes leurs formes, la publicité pour le tabac et la promotion des ventes du tabac », qu’un nombre important de pays, dont la France, se sont dotés de lois restrictives. En France, par exemple, la loi est claire : « toute propagande ou publicité directe en faveur du tabac ou des produits du tabac, ainsi que toute distribution gratuite, est interdite». La publicité indirecte l’est également.

C’est avec les retransmissions sportives que la loi française -calquée sur un grand nombre de lois étrangères- rencontre des difficultés d’application. Cette interdiction légale de la publicité télévisée pour le tabac et l’alcool vient en effet en contradiction avec d’autres principes d’égale valeur. La limitation qu’elle implique est en contradiction avec le droit du public à l’information. Au niveau communautaire on se heurte à l’interdiction ou à des restrictions injustifiées à la libre prestation de services, même si la Commission européenne se déclare en
accord avec l’objectif conduit par les différents politiques de santé publique.

Au nom du principe de la libre concurrence, le principe d’interdiction de toute publicité pour le tabac et l’alcool se heurte donc aux intérêts des fabricants, des chaînes de télévision, des fédérations sportives et des téléspectateurs.

Les groupes de pressions, les industriels et les fédérations sportives se sont opposés à cette interdiction et ont sollicité un aménagement de la réglementation. En France, la jurisprudence a utilisé le principe du droit du public à l’information. Le Conseil de surveillance de l’audiovisuel (CSA), dans son rapport annuel de 1995 le CSA avait relevé que toutes les rencontres de football se déroulant à l’étranger et retransmises par TF1 comportaient des panneaux publicitaires pour des boissons alcooliques commercialisées en France. L’autorité de régulation de l’audiovisuel en France a considéré cette pratique comme étant une fraude à la loi, car les panneaux publicitaires avaient pour but d’assurer la promotion de ces alcools au profit du public français.

Du côté de TF1, un responsable du service des sports qui souhaite rester anonyme affirme : « le diffuseur doit avoir pour objectif premier l'information à caractère sportif. Il doit s'abstenir de faire preuve de complaisance à l'égard des publicités litigieuses, ne participer en aucune manière à leur mise en place ni trouver un intérêt quelconque dans leur diffusion et éviter que les moyens techniques dont il dispose ne favorisent leur visualisation. »

Les grandes marques de cigarette et les vendeurs d’alcool ont trouvés la parade : les images qui ont vocation à être diffusées dans un grand nombre de pays, ne peuvent pas être considérées comme visant principalement le public de tel ou tel pays et peuvent par conséquent être librement retransmises par les chaînes de télévision quand bien même des publicités en faveur de boissons alcoolisées ou de cigarettes viendraient à apparaître à l'écran. Les télévisions diffusant les différentes rencontres de la Coupe du Monde ne maîtrisant pas les conditions de prise de vue, ne sauraient être suspectés de complaisance à l'égard des publicités litigieuses… Ainsi la morale est sauve et chacun peu s’arranger avec sa conscience !!!

Xavier Cheneseau

Publié dans xavier.cheneseau

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